L’Hôtel Wickaninnish à Tofino au Canada et le Highland Base Kerlingarfjoll en Islande
Voyager comme...

Fabien Guyon, co-fondateur du magazine Voyage Voyage.
Avec Evane Haziza Bonnamour, Fabien Guyon a co-fondé Voyage Voyage, un magazine indépendant qui explore l’art du voyage autrement. Plus qu’un guide, la revue invite à s’immerger dans les cultures, à découvrir des territoires hors des sentiers battus et à vivre le voyage comme une expérience sensorielle et humaine. Entre adresses singulières, itinéraires inattendus et reportages au long cours, Voyage Voyage revendique un regard curieux, attentif aux rencontres et à la richesse des détails.
Dans cette interview, Fabien partage sa vision du voyage, ses inspirations et ses projets à venir pour le magazine.
Comment parvenez-vous à concilier les voyages professionnels et les escapades plus personnelles ?
Je dirai que c’est ma manière de voyager qui a dicté la ligne éditoriale du magazine. Pour moi, un voyage doit se conjuguer de lieux, d’hôtels ou d’auberges, d’expériences culinaires haut de gamme ou très simples sur un marché, mais surtout de rencontres. Ce qui m’intéresse, c’est de découvrir une culture et de vivre de manière immersive. Plutôt que de visiter les lieux indispensables cités par les guides de voyage, je préfère suivre un local rencontré au hasard qui va me guider dans son quotidien et dans ses habitudes. Idem pour la nourriture, le plus local, le mieux. Je demande souvent quel est le plat préféré du serveur à la carte où celui qui raconte la région. Ce qui m’a amené à déguster du kumis (lait de jument fermenté) au Kirghizistan ou du couscous de chameau en Mauritanie.
Quand je voyage pour moi, je reste en France et dans des lieux que je connais auxquels j’ai une attache familiale ou amicale. Ce qui ne veut pas dire que je ne vais pas documenter mes voyages personnels. Je suis un peu hyperactif, et j’ai besoin de toujours me nourrir, découvrir, et bien sur de prendre des photos et des vidéos.
Quand vous partez sans objectif professionnel, à quoi ressemble votre manière de voyager ?
Un lieu qui vous a touché, surpris, inspiré… et que vous recommanderiez sans hésiter ?
Je le cite assez régulièrement, mais l’Hôtel Wickaninnish Inn à Tofino a été une de mes plus belles expériences. Il se situe sur Vancouver Island dans le Nord-Ouest pacifique canadien et fait partie de la marque Relais & Châteaux.
L’hôtel est ancré dans la nature en pleine forêt face à la plage de Tofino. Le service est incroyable et le plus grand luxe est juste la vue de votre fenêtre. Les activités sont axées autour de son environnement: surf, balade à vélo, marche le long de la plage sous la pluie, vol en hydravion pour découvrir la baie, dégustation de vins canadiens…
Sinon, le Golden Moon Yurt Camp, un campement avec des yourtes au milieu des montagnes dans le sud-est du Kirghizistan, ou le Highland Base Kerlingarfjöll, niché en plein centre de l’Islande dans les hautes terres.

Un objet ou produit que vous avez découvert ou rapporté de voyage ?
Mis à part des tissus et de l’artisanat, je rapporte souvent des CDs ou vinyles achetés chez un disquaire. Je cherche de la musique de groupes locaux folkloriques ou rocks. Je les choisis souvent pour leurs pochettes.
Mais le plus souvent, je rapporte de l’épicerie: des sauces, des épices, des ustensiles de cuisine, ou même des choses achetées sur les marchés. Parfois des boîtes de conserve écrites dans la langue du pays. Je remarque souvent que ces produits perdent un peu de leur saveur quand ils sont consommés hors de leurs contextes.
Et bien sur, de l’alcool local qui peut-être du vin, de la bière ou un spiritueux du pays.
Vos indispensables pour un voyage réussi ?
Un masque pour dormir, des comprimés pour de l’eau potable, et un appareil photo.
Avez-vous déjà une prochaine escapade en tête ?
Nous sommes en train de préparer notre planning rédactionnel pour l’année 2026 pour Voyage Voyage, et même si c’est encore un peu secret, on va tenter des faire des destinations lointaines et hors saison. Il sera question de jungle, de montagnes difficilement accessibles en hiver, d’îles froides et de l’histoire de la musique, et de campagnes en Europe centrale et de l’est.
Une destination rêvée qui vous appelle depuis longtemps ?
Le Groënland, peut-être pour s’isoler et découvrir une destination qui d’après moi sera très prisée dans les années à venir.
S’il y avait une destination à re-découvrir demain, ce serait laquelle ?
Sans hésiter, l’Islande, mais en prenant des chemins de traverse. Aussi, l’Asie centrale qui est encore peu sur les radars et qui a des paysages époustouflants. Et une destination que l’on compte refaire pour le magazine, la Transylvanie et sa campagne, qui proposent un retour aux sources et un saut dans le temps.

La gastronomie au coeur des voyages par Federica Geniri
En tant que fondateur d’un magazine de voyage, comment voyez-vous évoluer notre rapport à l’évasion ?
Avec Evane Haziza Bonnamour, mon associée dans le magazine Voyage Voyage, on a souvent des envies de visiter des pays froid, notamment en Europe du Nord.
On ne cherche pas à suivre les tendances, mais plutôt à sortir des sentiers battus, et éviter le surtourisme. Et bien sûr, créer des itinéraires en sillonnant les campagnes. Surtout, on cherche à trouver des moyens de locomotions divers, comme le train, le vélo ou le bateau. Notre rapport à l’évasion peut aller très loin à l’autre bout du monde, comme tout près à une heure de Paris.
On ne cherche pas à suivre les tendances, mais plutôt à sortir des sentiers battus, et éviter le surtourisme.
Qu’est-ce qui, aujourd’hui, vous donne encore le goût d’éditer un magazine papier dans un monde ultra digitalisé ?
Notre premier désir était de créer un magazine papier : créer des histoires en mettant en valeur les travaux photographiques de nos talents. Notre magazine peut se définir comme un objet ancré, qui pose un constat. Beaucoup de gens nous disent le poser sur leur table basse.
Bien évidemment, il est indispensable d’avoir une plateforme digitale et des réseaux sociaux. Ils font partie de l’écosystème du magazine et sont le relai vers notre magazine papier.
Des projets à venir que vous pouvez déjà partager ?

Le Japon, à l’affiche du prochain numéro, photographié par William Jess Laird et Ludovic Balay